« retour | Michel GuérinL’espace plastique |
Paru en : février 2008
Format : 160 x 230 mm
Pages : 124 pages
ISBN : 2930174382
Philosophe, Michel Guérin, né en 1946, a publié une vingtaine d’ouvrages, dont La Terreur (1990) et La Pitié (2000), aux éditions Actes-Sud, ensemble théorique consacré à l’affectivité et à la relation de l’émotion avec l’ordre symbolique. Professeur à l’université de Provence, où il enseigne l’esthétique, il est membre de l’Institut universitaire de France. Il a publié récemment de nombreux articles et ouvrages sur l’art.
Qu’est-ce que l’espace ? C’est ce qui est ouvert, patent (pateo, d’où spatium). Ce qui, plus exactement, s’ouvre en accueillant des figures, des images, des mouvements, des traces. L’espace ne s’ouvre pas tout seul ni pour lui, pour rien : il est ouvert à l’instant qu’il libère une scène, que la différenciation prend tournure. C’est pourquoi l’espace ne précède pas les formes comme le fond, croit-on, préexiste aux figures : ce n’est ni un support fixe, ni un contenant, mais plutôt un champ métastable qui se transforme en détachant des figures et est, en retour, modifié par elles. Lorsqu’on parle d’espace, on pense « grands espaces », comme si la dilatation, la largeur, le latéral indéfiniment repoussé livrait intuitivement, sinon l’essence, du moins le climat de l’espace.
Quant au caractère proprement plastique, il prend aussitôt le relais de cette dilatation, du besoin d’air et de distance que le processus (créateur) de différenciation (critique) porte et impose. Le grec plassein/plattein signifie modeler, façonner. Délibérer lequel, du geste physique de pétrir ou du mental d’imaginer, est premier, ne laisse guère espérer de solution franche, car feindre (fingere = forger) emploie toutes les facultés ; c’est un orgue qui étage les claviers et met en branle les muscles et la cervelle, ensemble avec l’émotion. Seul un esprit d’un corps imagine. Un spiritus phantasticus.