« Retour | n° 33/34 - 2019/2020. Dossier : Exposition / Espace / Cadre |
Présentation
Sous le titre Exposition / Espace / Cadre, ce double numéro propose plusieurs dossiers qui, chacun sous un angle différent, explorent et renouvellent une approche de l’espace pour penser les arts.
La première partie propose de penser l’exposition moins comme un espace neutralisé de monstration des oeuvres que comme cet aire de jeu et ce laboratoire d’expérimentation. En ouverture, Jérôme Glicenstein revient sur quelques points de repères théoriques pour analyser ce que l’espace d’exposition fait aux oeuvres et pour penser l’exposition sous la catégorie d’événement. En complément de cette approche, les textes de Julie Bawin, Antony Hudek et Maud Hagelstein proposent quant à eux trois études de cas particuliers. Outre l’intervention graphique de l’artiste Mira Sanders, détail d’un mur, ce dossier comporte également un article de l’artiste sculpteur Peter Briggs qui analyse les différents aspects des dispositifs qu’il élabore, depuis le modelage de pièces jusqu’à la mise en exposition.
La seconde partie regroupe deux dossiers consacrés à l’espace. Le premier est consacré à une approche phénoménologique de l’espace et de la peinture. Le texte de Carlos Lobo pose les jalons d’une approche phénoménologique de l’expérience esthétique à partir de la notion de maniérisme, tandis que l’article de Christophe David revient sur les contributions importantes d’Eliane Escoubas, Jean-Luc Marion et Jean-Louis Chrétien à la phénoménologie de la peinture, en France.
Le second dossier est consacré quant à lui à l’oeuvre de Fernand Deligny qui fait l’objet, depuis quelques années, d’une visibilité nouvelle et de relectures inventives tant par les artistes que par les chercheurs universitaires. Les textes ici rassemblés montrent à quel point l’oeuvre de Deligny est d’abord celle d’une vie consacrée à travailler dans les marges de l’institution et du langage – comme le montre l’article de Catherine Perret qui souligne l’importance et la place de l’écriture “à l’infinitif ” dans le projet de Deligny. Mais ce projet constitue aussi une tentative originale et singulière pour déplacer la compréhension que nous avons de l’art et de l’image à partir des expériences existentielles de l’espace d’enfants autistes, étrangers au langage et à l’ordre symbolique. La notion “point de voir” que forge Deligny, pour la substituer à celle de “point de vue”, nous conduit ainsi aux limites d’une pensée de l’image et de la subjectivité. Les articles de Marlon Miguel, Alexandra de Séguin, Catherine Perret et Antoine Janvier arpentent cette pensée de l’espace qui s’invente depuis l’expérience de terrain et nous en livrent des clés de compréhension.
La troisième et dernière partie de ce volume rassemble les contributions de deux journées d’études organisées à l’initiative de Natacha Pfeiffer et Anna Caterina Dalmasso. Si la notion de cadre a fait l’objet de nombreux travaux ces dernières décennies, le présent dossier a pour ambition de déplacer les questions qu’il pose pour porter l'attention sur les gestes qui président à sa mise en oeuvre. En deçà de son incarnation dans un contour concret et sensible, le cadre implique fondamentalement le geste de tracer des lignes de discontinuité, ayant pour effet d’instituer différentes dimensions de l’expérience comme le montre l’article de Jacinto Lageira qui parle du cadre symbolique comme d’un paradigme pratico-sensible ou encore l’article de Anna Caterina Dalmasso qui propose une archéologie des gestes du cadre. Les contributions qui composent ce dossier abordent ces gestes du cadre tant du côté de la peinture, avec les articles de Thierry Lenain et Caroline Heering, et de la littérature, avec l’article de Frédéric Pouillaude, que du côté du cinéma et de sa mise en exposition avec les contributions de Natacha Pfeiffer, Marie Rebecchi, Gian Maria Tore et Benjamin Léon.
Phénoménologie de l’espace et de la peinture
Deligny, l’art et l’espace
Les gestes du cadre